Analyse sur le rôle de Microsoft dans le génocide à Gaza.

Les entreprises titanesques comme Microsoft, Google, Meta et Amazon AWS ne se sont pas contentées de devenir des instruments d’espionnage d’État. Elles sont aujourd’hui devenues les bras numériques d’un nouvel ordre mondial militarisé, où le profit prime sur l’éthique, et où l’humanité s’efface derrière les lignes de code

Microsoft joue un rôle clé dans le soutien direct aux opérations militaires menées par l’armée d’occupation israélienne contre les Palestiniens.

Loin d’être un simple fournisseur de services numériques, Microsoft est aujourd’hui un pilier technologique de l’infrastructure militaire israélienne. Son cloud, ses outils d’analyse de données et ses partenariats stratégiques avec des unités de sécurité et de renseignement font de cette entreprise un acteur clé dans la machine de guerre qui vise à écraser et délocaliser le peuple palestinien.

Comment cette collaboration s’est-elle installée ? Quelle est la nature réelle du lien entre Microsoft et l’armée israélienne ? Et quel est le rôle d’OpenAI dans tout cela ?

Project Nimbus

En avril 2021, le ministère israélien des Finances annonçait que Google et Amazon AWS avaient remporté un contrat massif de 1,2 milliard de dollars pour fournir leurs services cloud à divers organes de sécurité israéliens, notamment l’armée. Ce projet, baptisé Project Nimbus, permettait la collecte de données, la surveillance et la désignation d’objectifs à éliminer en Palestine occupée. Ce contrat fut une perte importante pour Microsoft, battue sur ce marché par ses concurrents.

Mais Microsoft n’est pas restée les bras croisés. Sa relation avec Israël ne date pas d’hier. En 1991, Microsoft ouvrait son tout premier centre de recherche en dehors des États-Unis sur les territoires palestiniens occupés. Depuis, l’entreprise est devenue un partenaire technologique incontournable de l’État hébreu, à tous les niveaux, en particulier dans les domaines de la sécurité et de la défense.

La perte du projet Nimbus a poussé Microsoft à redoubler d’efforts pour renforcer ses liens avec Israël. Et à partir d’octobre 2023, avec le lancement de l’offensive militaire à Gaza, cette collaboration est devenue cruciale pour l’armée israélienne.

Le 12 novembre 2023, en plein cœur de l’offensive, Microsoft annonce le lancement d’un centre de données cloud et d’intelligence artificielle en Israël. Ce projet, initialement prévu pour 2021 mais retardé par le COVID-19, devient un nouveau champ de bataille technologique : Microsoft entre en guerre commerciale contre Google et Amazon pour être le partenaire technologique privilégié de l’armée israélienne.

Dès le lancement de Microsoft Azure en Israël, l’armée israélienne a commencé à s’appuyer massivement sur ses services pour mener ses opérations à Gaza, en Cisjordanie, et même au Liban.

Microsoft, le soldat modèle du champ de bataille digital.

Les équipes de Microsoft Azure fournissent aux officiers israéliens des services cloud ultra-performants, de l’analyse de données mobiles, de l’analyse d’images et de vidéosurveillance, le tout pour identifier les cibles à éliminer.

Des documents fuités sur Drop Site révèlent que l’utilisation de Microsoft Azure Storage a augmenté de 155 % entre juin 2023 et avril 2024, atteignant un pic en mai 2024, lors des massacres à Rafah.

En juin 2024, un officier de l’unité Mamram, a déclaré lors d’une conférence IT de l’armée israélienne que des entreprises comme Microsoft, Google et Amazon soutiennent l’armée israélienne en fournissant les outils nécessaires à la surveillance de masse, à la détection des cibles, et à leur élimination, notamment via les drones et l’enregistrement d’images et de vidéos en temps réel.

Ces propos ont été confirmés par une enquête de l’Associated Press (AP) en février 2024. Selon cette enquête, des données internes à Microsoft montrent que l’usage de l’intelligence artificielle de Microsoft et OpenAI par l’armée israélienne a explosé en mars 2024, atteignant près de 200 fois son niveau d’avant le 7 octobre 2023.

Toujours selon l’AP, les données stockées sur les serveurs de Microsoft ont doublé entre octobre 2023 et juillet 2024, atteignant 13,6 pétaoctets.

Ces documents montrent également que plusieurs unités de l’armée israélienne ont signé des contrats individuels avec Microsoft, notamment :

  • Unité 8200 (renseignement, guerre électronique, cryptoanalyse, SIGINT) ;
  • Unité Matzov (sécurité de l’information) ;
  • Unité Mamram (systèmes informatiques) ;
  • Unité Tikshuv (infrastructure IT, télécom et cybersécurité) ;
  • Unité Lotem (technologies et IT de défense) ; ainsi que des contrats signés avec la marine et l’armée de l’air israélienne en octobre 2023.

La société OpenAI :

On en parle peu, mais OpenAI — la société derrière ChatGPT — est un acteur indirect de ce drame. Bien qu’il n’existe pas de contrat direct entre OpenAI et l’armée israélienne, ses modèles d’intelligence artificielle sont utilisés via Microsoft Azure.

Microsoft est le principal investisseur d’OpenAI. Leur partenariat a commencé en 2019 avec un investissement initial de 1 milliard de dollars. Depuis, Microsoft a injecté plus de 14 milliards de dollars dans OpenAI, intégrant ses modèles (dont GPT-4) dans ses services cloud, y compris dans le centre de données installé en Israël.

L’armée israélienne peut désormais exploiter des technologies d’OpenAI dans ses processus de bombardements, de ciblage et d’élimination, avec un niveau d’efficacité jamais atteint auparavant.

Sachez qu’OpenAI a modifié sa politique d’usage en janvier 2024. Auparavant interdite à toute application militaire, l’IA d’OpenAI peut désormais être utilisée dans des contextes de « sécurité nationale ».

Les grandes entreprises technologiques sont aujourd’hui complices de crimes contre l’humanité, en fournissant des outils qui facilitent la surveillance, le ciblage et l’élimination de populations entières, en totale violation des droits humains et du droit international.Gaza en est l’exemple le plus criant : là où les bombes tombent, les serveurs tournent, les données circulent, les intelligences artificielles trient, identifient, valident.
Tant que cette machine reste en marche, chaque algorithme exécuté dans leurs datacenters peut devenir une balle tirée dans l’ombre.

Sources:

#Gaza #BigTech #WarCrimes #DigitalSurveillance #TechComplicity

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